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Contrats OMI Les saisonniers immigrés, main d'oeuvre indispensable

Employés dans des conditions souvent difficiles, quelque quatre mille travailleurs saisonniers immigrés ramassent cette année fruits et légumes dans les Bouches-du-Rhône, premier département français ayant recours à cette main d'oeuvre qu'exploitants et pouvoirs publics jugent indispensable à la survie d'un secteur en crise.

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Quelque 240 saisonniers agricoles immigrés de deux exploitations fruitières de Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) ont observé une semaine de grève pour réclamer notamment le paiement d'arriérés de salaires. Il ont voté la reprise du travail mardi après un accord avec leur employeur et des garanties de la préfecture.

Soutenus notamment par la CGT, ces immigrés marocains et tunisiens, logés sur place dans des conditions insalubres, dénonçaient également des conditions de travail dangereuses. "Nous devons payer nous-mêmes nos outils et le patron ne fournit même pas d'échelle pour ramasser les fruits", explique un employé sur l'exploitation depuis onze ans, qui préfère garder l'anonymat.

Résultat : des hommes grimpent sur des cageots empilés pour atteindre les hautes branches, risquant de tomber et de se blesser. Ces saisonniers font partie d'un contingent de 4.000 immigrés venus travailler dans les exploitations fruitières et maraîchères du département, qui concentre à lui seul 25% du total français de ces travailleurs immigrés.

Ils sont employés sous contrat OMI (Office de migrations internationales), qui permet à des employeurs de recruter pour des durées déterminées (huit mois maximum) des saisonniers étrangers rémunérés au SMIC, dans le cadre de conventions bilatérales signées avec la Tunisie, le Maroc et la Pologne.

"Aujourd'hui, dans la région, tant que l'ANPE ne répond pas à nos demandes, les demandeurs d'emploi refusant de travailler selon des conditions fixées par le code du travail, nous aurons besoin de cette main d'oeuvre saisonnière immigrée", juge Jean-Noël Fabre, secrétaire général départemental des Jeunes agriculteurs (JA, proche de la FNSEA). Pour M. Fabre, qui emploie des OMI pour ramasser ses fruits, "tant que le besoin de main d'oeuvre n'est pas comblé par le marché local, il est nécessaire d'introduire autant d'OMI qu'il le faut".

"Etant donné la réalité économique de notre secteur, nous ne sommes pas pour la suppression des OMI", explique Daniel Roche, porte-parole départemental du Mouvement de défense des exploitations familiales (Modef). "Il faut d'abord faire respecter les contrats mais aussi plafonner leur nombre à 10 ou 15 par exploitation, sinon nous arrivons à des conditions de travail déshumanisées", ajoute M. Roche. "Pour beaucoup, les OMI sont une main d'oeuvre bon marché et flexible, un élément décisif pour certains employeurs qui voient le coût relatif de la main d'oeuvre augmenter sans arrêt, alors que le prix d'achat de leur production diminue", déplore-t-il.

"L'agriculture ne peut vivre qu'avec un très fort contingent de travailleurs saisonniers étrangers", assure le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Frémont. "Mais le problème, c'est que depuis 2001, la situation économique de l'agriculture dans la région s'est fortement dégradée et, avec elle, celle des saisonniers immigrés", ajoute M. Frémont.

Afin "d'améliorer les conditions d'accueil de ces saisonniers", une table ronde sera organisée à la rentrée et elle pourrait permettre "un dépoussiérage du statut OMI", a expliqué lundi le préfet, à l'issue d'une réunion avec une délégation des grévistes.

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